Retrouvez dans notre revue de presse hebdomadaire notre sélection de l’actu du télétravail et des tiers-lieux. Études, nouveautés, faits marquants… Que retenir cette semaine?
Je t’aime moi non plus
En ces temps de récession, la morosité serait-elle contagieuse ? C’est du moins ce que laisse entendre les résultats de la dernière étude, rendue lundi dernier, par le cabinet de conseil RH Mercer. L’enquête menée auprès de 2000 salariés révèle, en effet, qu’un salarié sur trois « songerait sérieusement à quitter son entreprise ». Toutefois, comme le souligne l’article de L’ Express publié ce même jour, 53% des salariés interrogés seraient «tout à fait prêts à aller au-delà des exigences de leur fonction pour aider leur entreprise à réussir», à s’investir pleinement en somme. Mais si l’on regarde la chose par les deux bouts de la lorgnette, force est de constater qu’il y en a aussi 47% qui ne sont justement pas prêts « à aller au-delà des exigences ». Pourtant, c’est ce pourcentage qui apporte un éclairage sur le reste de l’étude, et qui permet de saisir ce qui se trame au fond.

Ceci s’explique, sans doute, par le fait que seul 50% des salariés ressentent un profond attachement à leur entreprise, et que 53% d’entre eux se montrent plutôt pessimistes quant à la pérennité de leur emploi. Aucune explication n’est avancée pour tenter de comprendre les raisons d’un tel désengagement. Peut-être est-il temps de se pencher concrètement sur les attentes des salariés. Celles-ci sont difficiles à cerner car il y a souvent un écart entre leurs aspirations et ce qu’ils pensent être du domaine du possible. On a d’ailleurs appris cette semaine, que d’après une étude d’OpinionWay réalisée pour Les Nouvelles Parisiennes, « 75% des salariés franciliens se disaient favorables au télétravail, mais 56% d’entre eux pensent qu’il leur serait impossible de le pratiquer ».
Intéressant toutefois de voir que les réticences du management sont citées par 30% des sondés comme un frein. Et si « la greffe ne prend pas » comme l’explique le journal Les Échos, c’est en partie parce que les modes de management n’ont pas évolué pour faire face à cette nouvelle organisation…
Sortez vos boîtes à out’s !
Le do-it-yourself est visiblement à la mode. En témoigne, l’intérêt que cette philosophie de la débrouille suscite chez les grands groupes. Ainsi, comme le révèle OWNI dans un article du 23 septembre dernier, le groupe Adeo, derrière lequel se cache la chaîne Leroy Merlin, planche sérieusement sur le concept de Fab Lab. A l’origine, le Fab Lab (pour Fabrication Laboratory) a été conçu comme « un lieu citoyen ou universitaire, non lucratif, dédié aux fabrications d’objets ». L’idée sous-jacente est évidemment de se réapproprier l’espace et de l’en détourner de son usage premier, ce qui nous ramène à la thématique explorée dans une précédente revue de presse.

Le roi du bricolage envisage donc d’incuber des ateliers au sein de ses magasins, pour que vos idées prennent vie, sans doute. Le projet a, cependant, de quoi hérisser le poil du public originel des « Fab Labs, makerspaces, hackerspaces » et autres adeptes du système D, car il s’agit d’intégrer le concept au Business Model, bien loin de l’idée de non-lucrativité.
Attention donc à ne pas le vider de sa substance…
Anamorphose
Il y a quelques mois, une application iPhone, suscitait la polémique. Présenté comme un guide à destination des noctambules, BeSafe ,en recensant les crimes et délits, permettrait, selon son auteur, d’évaluer le niveau d’insécurité des quartiers parisiens… Si l’idée est plus que de mauvais goût, elle met en exergue cette tendance à vouloir tout cartographier. Ceci nous permet de rebondir, sur l’article paru jeudi dernier sur Shareable et intitulé « Mapping a Shareable World ». La carte n’est plus l’apanage de la seule géographie, elle est désormais un outil de visualisation des données permettant d’illustrer des tendances économiques, sociales ou culturelle. Ainsi, le projet Urban Mobs, initié en 2008 par Orange mobile et Faber Novel, avait pour objectif de cartographier les émotions populaires en temps réel notamment en fonction de l’activité des téléphones portables.
Un autre type de cartographie retient l’attention car son objectif est relativement proche de celui poursuivi par BeSafe. Crimespotting Oakland est ainsi présenté comme un outil de « service public », permettant aux citoyens de suivre la criminalité et la police dans leur quartier. Si ses inventeurs arguent le droit à l’information du public pour justifier un tel projet, cet exemple démontre surtout les dérives d’une cartographie systématique et des utilisations détournées qui peuvent en être faites. La cartographie est ainsi un instrument idéologique et politique qui peut, de manière insidieuse, influencer les consciences.