Après une petite interruption d’antenne, la revue de presse zébrée reprend et vous livre l’actualité des nouvelles pratiques de télétravail et nomadisme – alors, que retenir cette semaine ?
DE L’ART DE TOURNER EN ROND…
Cette semaine a été marquée par un grand nombre d’articles qui ont tous abordé le sujet du télétravail de la même – et sempiternelle – manière: la France est en retard sur ces pratiques par rapport à ses voisins, pourtant le télétravail présente des avantages… Mais attention !! De nombreux risques existent également… Et de se retrouver avec des titres solennels, comme « Télétravail: Paradis du salarié ou enfer pavé de bonnes intentions? » ou « le télétravail peut être un piège ».

- Cette vision « en noir et blanc » d’un sujet aussi vaste nous donne un peu l’impression de tourner en rond et nous rappelle un traitement du sujet qui date de plusieurs années et qui souffre toujours des mêmes travers :
- On ne le répétera jamais assez, le télétravail ne veut pas dire travail à domicile, mais bien « une forme d’organisation et/ou de réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information dans le cadre d’un contrat de travail et dans laquelle un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux de façon régulière » (Accord National Interprofessionnel du 19 juillet 2005). A force de faire cet amalgame au tout début du travail d’analyse, on fausse le débat : exit la réflexion sur la mobilité et le nomadisme, exit les nouvelles pratiques de travail à distance depuis des « bureaux alternatifs » ou « tiers-lieux » et surtout, exit toute la réflexion sur la façon dont ces nouveaux lieux nous permettent de repenser le travail, la collaboration, la relation à la communauté…
- Ensuite, il est clair que le travail à domicile n’est pas une solution viable pour tous de la même façon. Mais pourquoi en parler sur un mode « tout ou rien » ? Passer au télétravail voudrait dire être déraciné de son entreprise et travailler 5 jours par semaine à distance… Alors là, oui, les risques existent évidemment, mais qui veut travailler de cette manière là ? Toutes les études montrent que la solution idéale est celle qui permet de combiner travail à domicile, travail au bureau – et travail depuis un « bureau alternatif » proche du domicile, si ces lieux arrivent à émerger. Chacun doit trouver un équilibre entre bureau / domicile / bureau – et c’est cet équilibre qui est bénéfique pour l’individu, l’entreprise, l’environnement…
Mais à lire la presse cette semaine, on a eu l’impression que ces visions plus nuancées, plus fouillées, ont parfois du mal à se faire une place – dommage.

Quelques avancées intéressantes cependant avec des déclarations du gouvernement sur le sujet cette semaine : clarification et simplification du cadre juridique du télétravail, amélioration de l’information à destination des salariés via un site internet, actions de communication et conseil aux entreprises pour promouvoir les bonnes pratiques et facilitation du recours au télétravail à destination des personnes à mobilité réduite.
Alors, le télétravail, sujet porteur pour 2012 ?
LE COWORKING A L’HONNEUR!
Si vous avez des oreilles du côté de Berlin, vous savez peut-être que le coworking y était à l’honneur lors de la conférence « Coworking Europe » qui s’est tenue début Novembre. Tout était mis en œuvre pour faire le point sur ce qu’il convient d’appeler un mouvement planétaire : tous les continents étaient représentés, et on a commencé à voir filtrer ces dernières semaines certaines des réflexions engagées à cette occasion :
- D’abord, le coworking pourrait être une des tendances les plus marquantes de notre décenie, nous dit Jean-Yves Huwart sur le blog dédié à l’évènement. Il revient sur les similitudes des formes de développement avec celles d’internet à ses premières heures, ou sur la manière dont cette nouvelle façon de travailler réponds aux évolutions structurelles de nos sociétés contemporaines (transition vers une population active de plus en plus composées d’indépendants, la nécessité d’inclure des modèles flexibles d’innovation dans le travail, la recherche de valeurs et de vision, l’intégration des aspirations de la fameuse génération Y, l’emergence d’une « startup sphere », l’emergence de réseaux économiques locaux). De belles pistes de reflexion à approfondir!
- Ensuite, dans « Sex, coworking & Rock n’ Roll », le très célèbre Alex Hillman revenait sur une forme de « crise existentielle » que traverse le mouvement, qui tente toujours de définir clairement ce qu’est le coworking et s’interroge sur l’attitude à adopter maintenant que le terme entre de plus en plus dans le domaine publique et fait l’objet d’interprétations nouvelles. L’analogie avec la musique rock est lumineuse : le coworking se définit par ce que l’on en fait, et finalement peu importe l’interprétation, tant qu’on est convaincu de produire un contenu de qualité et de proposer à sa communauté une vision, une ambiance, des interactions de qualité… Plutôt que de se prostrer et de tenter de défendre un territoire sémantique en mode tranchées, pourquoi ne pas ouvrir le terme et laisser les gens adhérer aux « coworking » qui leur conviennent ? C’est beau la Serendipité! 🙂

- Enfin, petite dédicace aux coworking Français qui avaient fait le déplacement, et à la présentation des Mutins, qui s’intéressent à l’entreprise pour la changer de l’intérieur (et ça sent bon le «corpoworking » donc ça nous a plu) :
Pour un lien vers tout le contenu de la conférence, le blog coworkingeu est toujours une très bonne source, alors creusez amis coworkers (mais pas vos tranchées 🙂 )