La région Île-de-France concrétise son ambition initiée en 2017 de devenir la première ‘Smart Region’ d’Europe et y intègre les espaces de coworking. Si Paris figure parmi les dix villes les plus innovantes au monde, la Région Île-de-France souhaite étendre ce rayonnement aux autres communes limitrophes. L’objectif est d’utiliser les nouvelles technologies de manière plus extensive géographiquement et plus inclusive humainement.

Trois grands axes ont été décidés: Le très haut débit (THD) pour tous, la création d’une plateforme de données et de services 3D, de nouveaux services innovants seront mis en place dont Smartwork une application permettant de localiser des espaces de coworking sur toute la région. Neo-nomade a participé à la construction de cette brique de service – nous y revenons dans cet article pour vous en présenter les grandes lignes !

De la Smart City à la Smart Région 

Si le concept de « Smart City » a largement été théorisé et débattu, l’idée de Smart Region n’a pas fait l’objet d’analyses approfondies. Une Smart Region est ainsi une extension du concept de smart city a toute une aire urbaine métropolitaine. On pourrait aussi intégrer le concept dans les théories socio-économiques de Saskia Sassen (Global City) ou Kenichi Ohmae (Region State).

Une Smart City n’est pas un but en soi, mais un moyen d’optimisation des ressources qui a comme but d’améliorer la qualité de vie des citoyens. C’est une ville qui utilise toutes les technologies disponibles afin de stimuler la compétitivité économique, de réduire les externalités négatives et d’améliorer la qualité de vie de manière durable.

Selon McKinsey, trois niveaux de ressources sont nécessaires pour mettre en place les principes de la Smart City:

  1. Le premier est l’infrastructure technologique qui inclut les capteurs, les smartphones et l’internet à très haut débit.
  2. En deuxième lieu on trouve les big data et les applications qui se construisent sur ces infrastructures – aussi appelé Digital Shadow.
  3. Enfin le troisième niveau se constitue de l’usage qu’en fait le public.

L’initiative Smart Region, semble bien répondre à la première problématique liée aux infrastructures. L’approche open data contribuera quant à elle aux développements des applications, surtout dans les écosystèmes d’entreprises. Cependant, les citoyens, les entreprises et les pouvoirs publics doivent être proactifs pour favoriser les usages. C’est un des principaux défis pour les acteurs qui s’engagent autour des initiatives de smart city.

Télétravail et mobilité : matrice stratégique pour des Smart Cities ?

Si de plus en plus d’entreprises adoptent des modes flexibles d’organisation, seuls 16.7% des Français télétravaillent plus d’une fois par semaine et 64% d’entre eux le font à domicile.

Selon une étude récente du groupe Malakoff Médéricle taux est un peu plus élevé à 29% pour les salariés (la grande majorité des concernés étant en CDI), mais seuls 9% d’entre eux le pratiquent de façon encadrée.

Les entreprises et les salariés apprécient de plus en plus le travail à distance. Source Statista

Les principaux freins au développement du travail à distance sont souvent liés à l’incertitude face aux changements managériaux et organisationnels. C’est sans doute à ce niveau-là que les autorités publiques doivent trouver des initiatives à fort impact. On pense par exemple aux dispositifs d’accompagnement que nous avions décrits dans notre livre blanc « Coworking, les nouveaux bureaux de l’entreprise« .

Dans la région Île-de-France, le travail à distance se développe de plus en plus avec l’impulsion des autorités publiques et des entreprises. Grâce à son partenariat avec Neo-nomade, la région Île-de-France a pu en quelques mois déployer des solutions de coworking pour ses propres agents. Aujourd’hui, ce sont plus de 1000 agents (sur les 1800 agents que compte la région et dont les tâches sont éligibles au travail à distance) qui le pratiquent de façon volontaire. Les résultats sont très encourageants puisque 88% des agents notent une amélioration de leur qualité de vie et 60% de leur qualité de travail.

La région compte aujourd’hui près de 650 espaces de coworking (324 à Paris), et s’est engagée dans un ambitieux projet de financement et d’accompagnement visant à créer 1000 nouveaux tiers-lieux d’ici 2021.

Des impacts sur la ville et ses habitants

L’exemple du travail à distance et du développement d’espace de coworking est d’autant plus important dans une stratégie de smart city, qu’il a des conséquences spatiales et multidimensionnelles impactant à la fois le bien être des citoyens, les entreprises, le marché immobilier, les systèmes de transport, l’environnement, et le développement économique d’une aire métropolitaine dans sa globalité.

Les résultats des études réalisées sur le travail à distance en France et dans le monde semblent en effet converger sur le fait que la majorité des télétravailleurs sont satisfaits de leurs situations et ressentent une amélioration de leur bien être passants par une baisse du stress (pour 73% d’entre eux) et une amélioration de leur état de santé (pour 60% d’entre eux).

Le travail à distance permet également au travailleur d’être à l’abri des dérangements et ainsi d’augmenter sa productivité de près de 7% selon l’étude réalisée par la Caisse des Dépôts. Une baisse de l’absentéisme (qui coûte plus de 100 milliards d’euros par an) de près d’un tiers est également enregistrée chez les télétravailleurs. Le travail à distance permet ainsi une hausse de production totale de près de 13%.

Les systèmes de transport sont aussi moins congestionnés et plus distribués grâce au travail à distance. Selon l’étude de la Caisse des Dépôts, le développement du travail à distance en Île-de-France permettrait de réduire le temps de transport d’un travailleur de 80 minutes par jour, ce temps étant réinvesti dans le travail (30 minutes) et dans la vie personnelle (43 minutes). Les télétravailleurs réduisent de fait leurs dépenses liées au transport.

Source Le Parisien

Le travail à distance peut aussi avoir un impact positif important sur l’environnement:

  • D’une part, le fait de réduire le nombre de trajets domicile-travail contribue à réduire les émissions liées aux transports dans les villes. Le groupe Dell, une des entreprises les plus proactives en ce qui concerne le télétravail, a pu réduire de 617 millions le nombre de déplacements domicile-travail équivalent à 6 millions de tonnes de CO2.
  • D’autre part, les travailleurs sont également moins susceptibles d’utiliser des contenants en plastique et moins de papier. Leurs communications se font en effet quasiment uniquement par voie électronique.

La région Île-de-France est le premier bassin d’emploi européen et produit 31% de la richesse nationale. Les investissements et les gains de productivités que permettrait le développement du travail à distance pourraient ainsi avoir des retombées significatives sur le bien-être et la performance économique dans son ensemble. Le développement du travail à distance est donc un catalyseur primordial pour les smart-cities.

Des mutations qui touchent aussi l’immobilier

Le marché immobilier se métamorphose également à la faveur d’une plus grande flexibilité géographique et de durée d’engagement. La croissance du travail à distance signifie des bouleversements importants d’abord dans l’immobilier d’entreprise. Les entreprises ont besoin de solutions immobilières plus flexibles, moins contraignantes financièrement à long terme et plus adaptées aux besoins de leurs employés. Le travail à distance leur permet notamment de réduire la quantité d’espace par employé. La tendance est ainsi au ‘juste-à-temps’, les entreprises souhaitant offrir le bon espace au bon moment pour leurs équipes. Les travailleurs cherchent souvent plus un ‘espace de travail’ adapté et à la demande qu’un bureau fixe. 

Dans l’immobilier résidentiel, les télétravailleurs ont des critères et font des choix différents:

  • Géographiquement ils sont moins hésitants à s’installer un peu plus loin de leurs lieux de travail. N’ayant plus à s’y rendre tous les jours, certains préfèrent même s’installer dans une autre ville. Ils peuvent ainsi se domicilier dans des communes où l’immobilier est moins cher et plus adapté à leurs besoins.
  • Étant donné qu’ils passent plus de temps dans leur domicile, les télétravailleurs recherchent aussi des appartements plus confortables. Parmi les critères plébiscités: la possibilité d’avoir un coin bureau ou plus d’ensoleillement. Les promoteurs et agents immobiliers devront donc s’adapter à ces nouvelles demandes.

100 partenaires pour construire les services de demain

L’initiative Smart Region se déploie de 2018 à 2021, elle concerne 1200 communes et 12 millions de Franciliens – soit 19% de la population française. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie des Franciliens en mettant en pratique le concept de « citoyenneté augmentée ». Si trente organisations publiques et privées ont rejoint l’initiative pour l’instant, la Région ambitionne d’atteindre 100 partenaires d’ici fin 2020.

Un des grands axes du projet consiste à établir la région comme hub de l’innovation en France et en Europe. L’initiative adopte le concept d’innovation ouverte qui vise à prendre en compte toutes les parties prenantes comme partenaires plutôt que comme clientes. Pour cela la région mise sur les écosystèmes de start up, l’open data – 5 millions d’euros seront consacrés à la création de la plateforme de « big data » et des services annexes tels que la visualisation géographique des données en 3D – et l’installation de l’internet à très haut débit dans toute la région.

Afin d’améliorer les politiques publiques, et ainsi de ‘transformer le service public en services aux publics’, la région compte également mettre en place des Smart Services autour de quatre grands thèmes : l’environnement et l’énergie; la qualité de vie, les activités économiques et enfin les découvertes (sports, culture, loisirs, éducation).

Deux projets ont pour l’instant vu le jour:

  • Mon potentiel solaire: Cartographie du potentiel solaire des 2,5 millions de bâtiments franciliens;
  • Smartworken partenariat avec Neo-nomade: Application Web pour mettre en réseau les tiers lieux / espaces de coworking et les communautés entrepreneuriales. Les utilisateurs peuvent trouver divers types de tiers lieux dans toute la région et prendre contact avec eux. L’application donnera notamment le nombre de places disponibles.
L’application Smartwork permet notamment de paramétrer sa recherche et de se géolocaliser.
Lancement de la plateforme SmartWork par Valérie Pecresse, Présidente de la Région IDF

> Pour découvrir la plateforme SmartServices, rendez-vous sur https://smartidf.services/fr/