Bonne nouvelle pour les télétravailleurs et nomades de la Drôme : quatre coworking spaces vont être créés dans des Espaces Publics Numériques (EPN). En émergeant dans des communes rurales, le mouvement du coworking confirme qu’il n’est pas l’apanage des grandes villes. Mais cela soulève de nouvelles questions sur le rôle des EPN en France.
Saint-Nazaire-le-Désert, 144 habitants. Qui aurait cru qu’un espace de coworking fasse ici des émules ? Et pourtant, des bureaux partagés verront bientôt le jour dans l’Espace Public Numérique local, lui même situé dans l’Office de Tourisme du village.
ANCRER LES EMPLOIS DANS LE TERRITOIRE
Trois autres espaces de coworking devraient voir le jour dans les EPN de Crest, Saillans et Die, a annoncé l’association Pôle Numérique qui coordonne le projet. « Les EPN concernés sont actuellement en travaux, et les premiers coworking devraient ouvrir en septembre », explique Jean-Philippe Falavel, le responsable du projet. Ces coworking seront accessibles sur base de tarifs non-prohibitifs, et disposeront de services tels que la visio-conférence.
L’objectif ? « Ancrer les emplois dans le territoire. Ces tiers-lieux accueilleront des télétravailleurs, des coworkers, des indépendants… ». Pour toutes ces personnes, les espaces de coworking permettront d’éviter de se déplacer au bureau, tout en évitant la solitude du télétravail à domicile. Mais le projet ne se résume pas à cela, puisqu’un community manager se chargera d’animer les espaces et d’y créer du lien entre coworkers et des évènements.
LE COWORKING : AVENIR DES EPN ?
A l’heure ou les EPN s’interrogent sur leur mission d’accompagnement au numérique dans un monde où les NTIC sont largement démocratisées, cette annonce a de quoi faire des remous dans le monde des coworking spaces et télécentres français. Pas moins de 4.000 EPN existent en effet en France. Tous vont-ils devenir des coworking spaces ?
Pour Florence Durand-Tornare, « c’est l’avenir ». Selon la fondatrice de l’association Villes-Internet, « proposer des espaces de travail dans les EPN c’est remplir une des missions incontournables de ces lieux de service public. Ils participent ainsi à de nouvelles formes de travail et de relation à l’emploi, en stabilisant leur modèle économique. »
La mutation des EPN en coworking-spaces ne signifie toutefois pas que les EPN cesseront d’exercer leur rôle de médiation numérique, « qui reste central pour l’appropriation sociale des usages et la lutte contre la fracture numérique », précise Florence Durand-Tornare. Ni que tous les espaces suivront le mouvement. Une position partagée par de nombreux responsables, même si « pour certains EPN, c’est presqu’une question de survie », ajoute un interlocuteur ayant souhaité garder l’anonymat.
DU NUMERIQUE AU TIERS-LIEU
« Le coworking et l’axe du travail constituent en effet un moyen d’ouvrir les EPN à de nouveaux publics », commente Nathanael Mathieu, du cabinet LBMG Worklabs spécialisé dans le télétravail, le coworking et les télécentres. « Cela permet en outre de générer un complément de revenus pour les EPN », ce qui n’est pas négligeable à l’heure où les collectivités s’interrogent sur le modèle économique des EPN.
Au Comptoir-Numérique de Saint-Etienne, EPN précurseur en matière de coworking, Yoann Duriaux souligne que « le coworking est un moyen, et non une fin. Aussi la notion de tiers-lieu, c’est à dire d’espaces libres et ouverts à tous pour coopérer, est-elle plus adéquate. En offrant un espace de travail et de discussion, il s’agit de mieux intégrer l’EPN dans le territoire. C’est un modèle, une option parmi tant d’autres permettant de mieux remplir notre mission de médiation et d’animation. »
Vaste programme donc, dans lequel le coworking permettrait aux EPN de relever de nouveaux enjeux. Des enjeux tels que le télétravail, l’économie collaborative ou le web 2.0 dont ils sont finalement à l’origine en ayant aider les citoyens à s’approprier des nouvelles technologies.