Ou plus précisément 40.8% de PME franciliennes se disent concernées par le télétravail. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée par Médiamétrie pour la CCIP des Hauts de Seine et  présentée ce lundi 22 novembre à Nanterre lors du colloque sur l’Impact des nouveaux modes de travail sur l’immobilier d’entreprise.

> Résultats de l’étude Médiamétrie «Entreprises et travail à distance : évaluation des pratiques et tendances » menée auprès des PME des Hauts-de-Seine

A l’occasion de ce colloque, un état des lieux de l’immobilier d’entreprise des Hauts de Seine a été présenté par le Grecam et deux tables rondes ont suivies sur le thème du télétravail et des tiers-lieux.

Mise en place du télétravail

J’ai eu le plaisir d’intervenir dans la première aux côtés de Nicole Turbé-Suetens et Eric Couté en charge du programme télétravail pour Renault et Valérie Simier, workplace manager chez Cisco.

Pendant cette table ronde, nous avons rappelé les grands principes du télétravail (rôle primordial des TIC) et souligné les facteurs du retard français (retard dans la dématérialisation, problématique culturelle).  L’occasion également de rappeler que les raisons d’envisager le télétravail pour une entreprise sont multiples :

  • réduction des coûts immobiliers
  • optimisation des espaces
  • équilibre vie privée vie pro
  • recherche de flexibilité en particulier pour les nouvelles générations
Cas pratiques :

50% de taux d’occupation des espaces Chez Cisco

Cisco, qui n’a pas signé d’accord de télétravail, a mis en avant son programme de mobilité de l’entreprise en place depuis plus de 10 ans. Ainsi, à l’instar de nombreuses entreprises des technologies ou de culture anglo-saxonne, Cisco n’a pas eu de difficultés à organiser ces programmes de mobilité dans un environnement de travail favorable au management par objectifs, au travail collaboratif et au partage de bureau. Avec deux avantages clairs :

  • Apporter une plus grande flexibilité des employés à l’aide de technologies innovantes
  • optimiser le taux d’occupation des bureaux (les taux d’occupation observés par Cisco en France sont de l’ordre de 50% et 40% au UK… alors que le charges immobilières représente le 2e poste après les salaires)

3% de télétravailleurs en IDF pour Renault

Renault, entreprise plus traditionnelle, a mis en place un programme de télétravail il y a 4 ans. En septembre 2010, 542 personnes sont concernées soit 3% des salariés Renault en Ile de France. Un pourcentage faible qui s’explique par le fait qu’on ne prend en compte que les télétravailleurs à domicile de 1 à 4 jours par semaine. Chez Renault, comme dans la majorité des accords de télétravail signés en France, les nomades, c’est-à-dire tous les employés qui disposent d’outils de travail à distance (téléphones mobiles, ordinateurs portables etc) et travaillant parfois en dehors du bureau, sont malheureusement exclus.

A la base, ce programme établi sur la réponse aux attentes des salariés et il n’avait pas d’ambition spécifique de modification de l’environnement de travail. Après 4 ans de mise en pratique, plusieurs pistes d’amélioration apparaissent :

  • Le renforcement de la formation du middle management au travail à distance
  • La  réflexion sur le partage des bureaux

Développement des tiers-lieux

Au menu de la seconde table ronde: les tiers-lieux. L’occasion pour Christian Ollivry, président de l’association Actipole 21 qui milite pour la création de télécentres de présenter ses projets. Des enjeux de taille, car on estime qu’il faudrait  créer au moins 200 000 postes dans des télécentres rien que pour répondre aux besoins de 5% de la population active en IDF.

La RATP a fait part de son intérêt pour les solutions de télétravail qui permettent de réduire le trafic aux heures de pointe. Sur la question des tiers-lieux, l’entreprise pourrait également jouer un rôle majeur pour la création de télécentres dans ses gares en zones périurbaines au cœur des bassins de résidence.

Autre signe encourageant de convergence vers un nouveau type de bureau entre domicile et entreprise, Regus, leader mondial du centre d’affaires a confirmé son intérêt pour de nouveaux types d’espaces en proposant des services complémentaires (aide juridique, accompagnement à la création d’entreprises). Des outils et de nouveaux services sont d’ailleurs en cours de développement et devraient voir le jour en 2011.

Côté utilisateur et utilisation des espaces: Catherine Gall de SteelCase a décrit les grands traits du salarié français –  émotif, engagé, convivial, mais également à la recherche la flexibilité des horaires. La nécessaire prise en compte du travail en équipe dans l’aménagement des nouveaux espaces de travail a été soulignée.

Quid du modèle économique de ces tiers-lieux ?

L’objectif des télécentres est de pouvoir proposer une solution attractive et moins chère qu’un poste intégré pour l’entreprise. Pour rappel : de 12 à 14000€ par an en Ile de France !

Pour cela plusieurs pistes ont été identifiées :

  • Mutualiser les coûts pour un réseau de télécentres : centrale d’achats, fonction support multi-sites, etc
  • Maximiser le taux d’occupation des espaces. Guillaume du Poy , directeur marketing EMEA de Regus,  nous a expliqué que le métier d’opérateur impose d’optimiser les taux d’occupation tout en gardant un confort maximum pour le client. C’est-à-dire viser 90 ou 95% de taux d’occupation pour aller bien au-delà des 50 à 60% de taux d’occupation moyen des entreprises en Ile de France.
  • Solliciter l’Etat pour obtenir des subventions pour amorcer le développement d’un réseau de télécentres.  Christian Ollivry a également insisté sur l’importance de créer des modèles de télécentres qui puissent s’autofinancer par la suite.

En conclusion

Ce colloque aura permit d’aborder des points clés de la mise en place du télétravail dans les entreprises et d’en savoir plus sur les projets de tiers-lieux à venir. La route est encore longue pour démocratiser le télétravail en France. Certaines questions devront être approfondies par les entreprises :

  • Au-delà de la signature d’un accord de télétravail, les entreprises seront-elles prêtes à remettre en question leur organisation du travail et leur culture managériale ?
  • Quelle gestion du télétravail tacite ? Quel encadrement pour les nomades ?
  • Comment modéliser les tiers –lieux afin qu’ils  répondent aux attentes des télétravailleurs et des entreprises ?

Nous relaierons régulièrement sur le blog de neo-nomade.com les avancées sur ces problématiques. En attendant, vous pouvez retrouver nos pistes en la matière sur le site de LBMG Worklabs.

Suite au prochain épisode…